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Contextutalisation

Privatisation de l'émotion artistique

 

Le régime des artistes encadrées

Un récent travail de recherche à mis en lumière une mécanisation des affects par l’art, posant de véritables questions morales et éthiques. Les stratégies de communication opèrent toutes en catégorisant leurs cibles en fonction de stéréotypes sociaux et culturels, à des fins commerciales. Dans ce cas, l’art devient complice et acteur principal manipulant les émotions de manière délibérée et programmée.

 

Le risque n’est-il pas d’oublier la motivation première des arts ? Les citoyens-consommateurs ne vont-ils pas à force, assimiler l’art à l’industrie, aux entreprises, aux marques ? Considérer que la production artistique à destination non-commerciale n’a plus de raison d’être ? Allons-nous faire une « privatisation de l’émotion artistique » ?

 

Le projet Human Digital System développé entre 2013 et 2019, a permis de tenter d’apporter un début de réponses à ces questions, à travers son récit spéculatif dessinant les contours d’un monde où l’économie numérique est le ciment entre les régions du monde, isolées les unes des autres. La production artistique fait partie intégrante de cette économie numérique mondiale, pourtant très altérée depuis trente-huit ans. Afin de redynamiser la création mondiale, la Federal World Government décide en cette année 2070, de créer « le régime des artistes encadrées », rattaché à la Digital Creative Economy (DCE), se dressant comme l’intermédiaire entre l’entreprise et l’artiste. À travers un communiqué officiel, la DCE vente les intérêts de cette nouvelle organisation, ayant pour unique but de garantir la sécurité et la visibilité des artistes et de leurs productions, grâce à un catalogue mondial et grâce à l’homogénéisation des contrats. Ce nouveau régime des artistes encadrées pose une multitude de questions.


Le système mis en place par la Federal World Government, envisage une privatisation de la production artistique mondiale, promouvant l’art uniquement parce qu’il peut générer des retombées économiques. Une oeuvre artistique a une réelle valeur marchande pour les entreprises partenaires de la DCE par les messages qu’elle délivre et les émotions qu’elle procure. Or, c’est exactement ce que cherchent les entreprises, afin de pousser encore plus loin la pénétration des marchés et la conversion des cibles en clients. Cependant, ce système dans son entièreté prône l’instrumentalisation des arts à travers une vision utilitariste et contraint par défaut les formes artistiques peu rentables à disparaitre.


La Digital Creative Economy promet également la protection et la communication des artistes et de leurs oeuvres à travers la réalisation d’un catalogue mondial et de contrats modélisés. Cependant, ne sommes-nous pas dans un même temps, confrontés à une unification massive du statut et du rôle de l’artiste, ainsi qu’à une standardisation des messages et des émotions composants les oeuvres ? En voulant préserver la production artistique, la DCE ne va-t-elle pas définitivement la détruire ? N’y a-t-il pas une autre manière d’aider les artistes à produire de manière pérenne et à diffuser les arts au plus grand nombre ? La privatisation totale est-elle la solution ? Si oui, à quelles conditions et pourquoi en arriver là ?

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