Solenn Tenier
La réforme des Arts 2032
Contextualisation
Prise de pouvoir du citoyen
Nous observons, sous l’effet de la dématérialisation des contenus, de la généralisation d’Internet à haut débit et de la démocratisation des technologies numériques, une évolution quant à l’accès à l’art et à la culture par les publics et les consommateurs, opérant en une hybridation entre culture, entertainment et communication interpersonnelle. N’assistons-nous pas à une prise de pouvoir de la part du public-consommateur ? Les artistes ne risquent-ils pas de leur devenir totalement tributaires ?
Le projet Human Digital System a interrogé cette volonté de prise de pouvoir de la part des citoyens, à travers un article intitulé « La réforme des Arts 2032 ». Manolo Jacobs, principal contributeur du Taser Brain Journal, questionne ce « régime des artistes encadrées », en posant une question fondamentale : Le communiqué officiel de la Digital Creative Economy annonce le besoin de redynamiser la création mondiale ; Pourquoi le gouvernement est-il obligé de contrôler le processus de création dans son entièreté ? Que s’est-il passé ? L’auteur, désigne la réforme des Arts 2032, comme déclencheur d’un tournant majeur dans l’histoire de l’art, elle-même dépendante d’un contexte politique et social très particulier.
Avant de connaître cette situation mondiale de 2070, la France a connu de multiples situations politiques tendues, arrivant à son paroxysme en 2029, lors du passage à la VIe république, suite à une révolution civile dans toute l’Europe. Les citoyens ont alors obtenu une reconnaissance démocratique majeure, par la mise en place du conseil citoyen au sein du pouvoir législatif. Le récit de Charly Ralph, rédacteur en chef du Taser Brain Journal, interroge les conséquences de cette prise de pouvoir citoyenne, narrant les décisions extrêmes du conseil. Donner plus de pouvoir aux citoyens est-il un gage d’une démocratie réussie ?
La réforme des arts 2032, permet d’esquisser des premières observations. Tout d’abord, l’utilisation galopante de l’art comme mécanisation des affects par l’industrie, ainsi que l’accès à l’art par tous et ceci depuis des décennies, a véritablement supprimé la frontière entre art et industrie, compromettant la raison d’être de l’oeuvre d’art.
Le conseil n’identifie plus la création artistique comme entité indépendante, c’est pourquoi il souhaite diminuer le budget annuel envers les écoles d’arts. Par défaut, ces décisions ont amené les écoles à se privatiser, grâce à des mécènes et actionnaires venant principalement du monde de l’entreprise. De la même manière, le conseil souhaite l’abandon du droit d’auteur, à tout artiste diffusant son oeuvre sur Internet. La définition même de l’artiste n’est-elle pas remise en cause ?
Enfin, la liberté de création est abolie, par la censure de certaines expressions artistiques, telle que les corps nus. Pensions-nous aller dans cette direction en intégrant les citoyens au sein du pouvoir législatif ? Le gouvernement a longtemps été critiqué par les citoyens, dans son passage en force des lois, dans son oppression permanente, dans la volonté de faire passer l’intérêt personnel avant l’intérêt collectif. Cependant, le conseil citoyen ne fait-il pas pire ? Une autre question se doit également d’être posée : comment expliquer qu’en 2029 aucun médiateur n’a pu se positionner entre le pouvoir législatif et les institutions artistiques et culturelles ? Les institutions existent-elles toujours ? Ont-elles perdu leur statut d’intermédiaire et leurs pouvoirs ? Que s’est-il passé ?