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Démarche artistique

Quelles(s) pratique(s) pour quel(s) enjeux?
La pratique artistique se nourrit dans un premier temps d’expériences citoyennes, devenant par la suite artistique par la pratique de l’écriture (narration du réel, Investigatio et la Présomption d'innocence à la française), posant un certain nombre de problématiques ; problématiques interrogées dans un second temps lors d’expériences et expérimentations artistiques spéculatives (narration spéculative, Human Digital System). Enfin, dernier maillon de la chaîne, une réflexion théorique et scientifique s’est construite en fonction des enjeux et des notions développés au sein des expérimentations artistiques.

La spécificité de la recherche en art par l’art est de s’intéresser au processus créatif et s'inscrit dans une approche du processus de création, où l'artiste se concentre essentiellement sur l'œuvre, les questions qu'elle soulève et sa réception par le public. L'objet majeur est de le mettre en avant, d’en faire émerger des questions théoriques qui devront être déployées et analysées, voire d’en tirer des éléments qui seront à leur tour mis en œuvre. C’est pourquoi chaque thèse en Arts Visuels met en jeu sa propre méthodologie qui articule pratique plastique, connaissances artistiques et enjeux théoriques, et donne lieu au moment de la soutenance à une exposition des travaux plastiques. Ici, il s'agit d'une méthodologie en trois temps : la pratique citoyenne, artistique et scientifique. 

La pratique citoyenne, le premier maillon de la chaîne se construit avec la volonté citoyenne de comprendre le monde et d’y être actrice. Explorer des mondes nouveaux oblige une ouverture vers des domaines de connaissances a priori inconnus. Cette pratique citoyenne se matérialise sous de multiples formes : observations, enquêtes de terrain, lectures, veilles, entretiens, etc. L’objectif majeur de cette pratique, de cet engagement citoyen, est de comprendre les enjeux  sociétaux qui nous entourent. En fonction de ces derniers, se construit une pratique artistique. 

Les narrations du réel se matérialisent dans les travaux artistiques suivants : Investigatio (volume 1) et La présomption d’innocence à la française (volume 2 - Livre central). 


Les narrations spéculatives se matérialisent dans le travail artistique suivant : Human Digital System. Ce travail est composé de six fragments de narrations insérés dans le Livre central (volume 2) : 
-    OMG – Odd Mutant Gang,
-    My Love
-    Eye to Eye

-    Alive
-    La réforme des Arts en 2032
-    Le régime des artistes encadrées. 

 
Dans les deux cas, l’écriture explore la narration comme une expression plastique plutôt que littéraire (1)
. Alors que mon travail d’écriture au sein d’Investigatio narre des bouts d’histoires personnelles afin d’attirer l’attention vers des sujets collectifs, historiques et politiques (2), l'écriture de Human Digital System continue le cheminement engagé, vers une spéculation et positionne mon rôle d’artiste en tant que témoin d’un monde en mouvement, réfléchissant activement à différentes issues technologiques et sociétales possibles lors de la deuxième moitié du XXIe siècle. Ainsi, mon travail artistique a pour essentiel but d’interroger les forces actives par des expérimentations créant un mouvement « comme une partie amène à une autre et comme une autre encore poursuit la portion précédente, chacune y gagne en individualité » (3) 

(1) À ce titre, le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris consacre jusqu’au 14 juillet 2019 un nouvel accrochage intitulé « Rumeurs & Légendes », explorant « le thème de la narration comme expression artistique […] un art confronté à son actualité esthétique, politique et sociale, tout en restant perméable aux aléas de l’histoire personnelle ». (Extrait de la présentation de l’accrochage).

In « Rumeurs & Légendes », [En ligne], site officiel du Musée d’Art Moderne. Disponible sur : http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-rumeurs-legendes (site consulté le 27 juin 2019).

(2) Tout comme le travail artistique de Sally Mann qui narre des moments de vies personnels à travers ses photographies, lors de l’exposition « Mille et un passages » (divisée en cinq parties : la famille, la terre, l’ultime et pleine mesure, demeure avec moi, ce qui reste) qui a lieu au Jeu de Paume jusqu’au 22 septembre 2019.

(3) John Dewey, L’art comme expérience, Folio Essais (Folio, 2010), page 82.

Narration citoyenne

Une narration du réel (Investigatio) : Un regard citoyen : le point de départ de la narration.

Alors que les populations sont en proie à un recul quant à l’engagement pris par les pays, à l’échelle nationale, européenne et mondiale, nous assistons plus que jamais à une explosion de lieux en faveur d’une démocratie participative. 

Alors que les populations sont en proie à un recul quant à l’engagement pris par les pays, à l’échelle nationale, européenne et mondiale, nous assistons plus que jamais à une explosion de lieux en faveur d’une démocratie participative. Cette participation citoyenne implique les citoyens dans la vie publique et politique, accroît leur rôle dans les prises de décision dans une intelligence collective et renforce les lacunes de la « démocratie représentative » : parlement non-représentatif de la diversité de la société, éloignement des élus de la réalité quotidienne des citoyens, faiblesse des contre-pouvoirs, etc. Le récit occupe un grand rôle au sein de cette parole individuelle et collective ; pour preuve, de grandes oeuvres littéraires narrant le quotidien de ces auteurs et de la population sont devenues des garde-fous de l'Histoire, tels que Les Lettres persanes (Montesquieu, 1721), Candide (Voltaire, 1759), Germinal (Emile Zola, 1885), oeuvrant à leur niveau à l'évolution de la société.

L’acte de raconter est envisagé ici du point de vue de la narration au sens où l’entend Gérard Genette : « comme un acte narratif producteur […] et comme étant l’ensemble de la situation réelle ou fictive dans laquelle l’acte narratif producteur prend place » (1). La narration citoyenne peut être alors comprise comme un acte de résistance, une prise de parole, une intervention, pour raconter des événements réels, à travers une observation quotidienne. Cet acte de résistance, résistance face à un humain capable du plus beau comme du plus cruel, est rendu possible par l’opiniâtreté citoyenne, symbolisée par la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et l’Art.11 « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Alors que les démocraties mondiales sont menacées en cette deuxième décennie du XXIe siècle – à l’image de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)22 régulièrement piétinée par l’État français, en matière de traitements des détenus au sein de la machine judicaire –, le citoyen mais surtout la citoyenne est menacée dans son intimité.

Ma résistance citoyenne se matérialise donc par une observation du quotidien, de tous les instants. L’écriture narrative est déclenchée par un moment d’inconfort provoqué par une instabilité de sens :  

(1) Gérard Genette, « Narration | Penser la narrativité contemporaine » [En ligne]. Disponible sur : http://penserlanarrativite.net/documentation/bilan-des-notions/narration (carnet scientifique consulté le 13 avril 2019).

(2) Réflexion menée dans le cadre de la semaine exploratoire « Ni autonome et ni contemporain » organisée par Françoise Vincent-Feria, EA3402, Université  de Strasbourg, novembre 2016.

 

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« La zone de confort désigne l’ensemble des habitudes et des comportements que l’on adopte quotidiennement. Elle représente l’ensemble de nos croyances, de nos connaissances et de nos savoir-faire, c’est-à-dire toutes les règles que nous avons intégrées et les préjugés que nous avons sur tel ou tel sujet. Partant du principe que les règles peuvent varier d’un individu à l’autre, l’insertion de notre corps dans un espace occupé par d’autres corps, mais aussi l’insertion de notre esprit dans un espace occupé par d’autres esprits, peuvent nous sortir de notre zone de confort. 
C’est à partir de cette observation qu’une force inexplicable m’a amenée pendant un an à filmer des corps et des esprits, dans des espaces et des temps qui déclenchaient immédiatement en moi un angoissant inconfort. Ce furtif et silencieux malaise intérieur prenait vie lorsque des individus présents dans un même espace-temps, pouvaient — en fonction de leurs croyances et de leurs règles — interpréter différemment l’action corporelle ou verbale qui se déroulait sous nos yeux.
Plus je sortais de ma zone de confort, plus je me sentais vulnérable et en insécurité face à cette instabilité de sens. Après des dizaines d’heures en territoires inconnus, j’ai compris que cet étrange besoin de mémoriser, puis d’archiver tous les moments de malaises éprouvés, était une réponse à cette nécessité viscérale de rendre visible l’invisible, de produire des images suspendues dans le temps, des images marquées par ce non-sens, désignant les enjeux présents et futurs de notre société. 
Plus je me sentais vulnérable et en insécurité plus le territoire où je me trouvais me semblait hostile; hostile dans la brutalité du jugement de l’Autre. Finalement, cette utopie d’un territoire extrême car lointain et exotique, semblait dépassée et vieillissante. Une véritable crise de sens frappait sous mes fenêtres, mettant à nu ce territoire devenu extrême, la France.
(2) »


J’ai compris que cette écriture compulsive, que cet étrange besoin de mémoriser, puis d’archiver tous ces moments de malaises éprouvés, était une réponse à cette nécessité viscérale de rendre visible l’invisible, de produire des souvenirs suspendus dans le temps, désignant les enjeux présents et futurs de notre société et le commencement de ma pratique artistique.

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Narration spéculative

 
Une narration du réel : Human Digital System.

La production artistique s’inscrit en partie dans une narration spéculative, ayant pour principal enjeu d’alerter et ceci par le biais d’expérimentations narratives. Le dessein n’est pas de créer une histoire, mais de fabriquer une mise en situation temporelle en fonction de différents curseurs : techniques, politiques, sociétaux et artistiques.


Human Digital System se dresse comme l'ossature de la démarche artistique, créée par l'addition de l'ensemble des fragments des expérimentations. Il s'agit d'un processus, au sens de progression. Les fragments narratifs peuvent eux-mêmes se développer et prendre forme, par le biais de fichier audio, vidéo, catalogue, ou simplement rester couchés sur le papier. Dans ce cas, la narration est mise matériellement en mouvement ; un mouvement parfois rapide, imprécis, non achevé, mais dynamisant le mécanisme en route et mettant davantage en valeur le voyage et non la finalité. L'enjeu de ce travail artistique processuel est d'interroger théoriquement les enjeux et les questionnements qui en découlent. 
Le scénario général de la narration spéculative s’inscrit dans une nouvelle ère dénommée Human Digital System :

Nous sommes en 2070, période post-mondialisation. Les guerres climatiques font rage, œuvrant à un isolationnisme régional extrême. Le commerce international est très gravement impacté et est régulé par un nouveau système d’offre et de demande qui se limite essentiellement à l’importation et exportation de nourriture, d’eau, de matières premières stratégiques et d’énergie. Par conséquent, de nouvelles formes de tractations diplomatiques ont lieu, redistribuant les pouvoirs. Les pays clés ont une plus forte présence d’eau (agriculture), des réserves énergétiques importantes (gaz et pétrole) et des réserves de matières premières adéquates à la construction des objets électroniques. Les terres fertiles et stratégiques achetées antérieurement par des pays étrangers sont la cause de graves conflits diplomatiques. À noter que les mobilités humaines forcées font partie intégrante des tractations commerciales, comme ce fut le cas quelques siècles auparavant.
     L’économie mondiale de la fin du XXIe siècle est une économie essentiellement numérique. Cette nouvelle ère a été nommée par les experts « The Human Digital System », depuis l’obligation faite aux  citoyennes [1de porter une puce sous-cutanée, symbole de ce corps, de cette identité, de cette « humaine numérisée » dans son entièreté. Dorénavant, le commerce s’établit à partir d’échanges, de services et de capitaux numérisés. Quatre-vingts pour-cent des citoyennes travaillent chez elles, au vu de l’insécurité climatique ambiante. La domotique et l’intelligence artificielle effectuent la plupart des tâches du quotidien, ce qui permet un meilleur rendement.
     Les relations humaines ont muté à deux niveaux. Le pouvoir a changé de sexe. Alors que l’homme dominait le monde depuis des siècles, les femmes du monde entier ont inversé la tendance, par une lutte acharnée. Leur indépendance intellectuelle et financière, ainsi que la possibilité d’enfanter sans participation masculine, ont été les clés d’une libération historique. D’année en année, elles se sont insérées au sein de tous les corps de métier, se sont octroyées le droit d’occuper des postes à responsabilités et leur parole s’est libérée. Toutes ces avancées ont joué un rôle clé quant à une lente passation de pouvoir. Dorénavant, les hommes ont pris l’ancienne place des femmes, à savoir une place secondaire dans l’organisation sociétale. La deuxième mutation se matérialise par la rupture communicationnelle entre les humains. Alors que les citoyennes sont de plus en plus isolées les unes des autres, entraînant une véritable fracture relationnelle, elles sont en revanche en relation constante avec leur intelligence artificielle.
     L’achèvement de la mondialisation et par ricochet de la globalisation culturelle, a eu un impact sans précédent, vecteur d’une crise identitaire historique. Les populations mondiales ne peuvent plus faire appel à leur identité nationale, n’ont plus accès à leur histoire individuelle et collective. Les ressources culturelles, au sens de cultures intellectuelles, sont quant à elles très limitées. Les Arts dans leur plus large déclinaison, ont été délaissés au profit des activités informatiques et donc techniques.

Enfin, afin d’homogénéiser le réseau et d’y garantir l’ordre, un gouvernement mondial a été créé, The Federal World Governement (FWG), épaulé par l’Organisation Internationale de l’identité numérique, The International Organization of the Digital Identity (IODI). Ces deux entités se sont données pour mission officielle de sécuriser les populations mondiales, tout en procédant à la numérisation du monde ; elles dominent tous pouvoirs et décisions mondiales. 

     Pour exemple, en cette année 2070, The Federal World Governement a créé une nouvelle unité de forces spéciales, nommée Odd Mutant Gang (OMG), suite à l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi pour la prévention de la nuisance masculine. Dirigée par Charly Ralph, l’unité a pour objectif de répertorier les cent hommes les plus dangereux, soupçonnés d’abus de confiance. Suite au rapport de OMG, The International Organization of the Digital Identity, a développé de multiples innovations technologiques, à l’image de l’application oculaire Eye to Eye. Cette dernière permet d’identifier en l’espace de deux secondes une personne ou un objet, grâce à l’accès à la totalité des informations détenues par IODI ; informations nécessaires à une analyse complète de la personne ou de l’objet. D’après le slogan publicitaire, l’objectif est bel et bien la sécurisation des relations humaines : « Avec Eye to Eye, aucune rencontre ne pourra plus jamais débuter dans le doute et l’incertitude ».

(1) La féminisation du monde est telle que la grammaire française a également évolué. Dorénavant, le féminin l’emporte sur le masculin. Pour exemple, lorsque nous voulons désigner un groupe de personnes dans la rue, composé de deux femmes et de deux hommes, nous disons : « Regardez, ces lycéennes dans la rue ».

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    En marge de ce puissant appareil gouvernemental, certaines activistes se dressent contre une ingénierie sociale qu’elles considèrent arrivée à son paroxysme, associée à une robotisation déshumanisée, questionnant fortement l’avenir de la démocratie et de ses citoyennes. C’est le cas du journal clandestin, The Taser Brain Journal, proposant à ses lectrices un enregistrement, My Love, datant de 2030. Nous assistons aux conversations entre une jeune femme et son compagnon virtuel Sandro. Ce fichier audio a été obtenu après de longues négociations mouvementées. Des arrestations quotidiennes ont également eu lieu pour cause de censure de la part de l’IODI, actrice d’une purge intentionnelle des archives et mémoires du passé. The Power of the Femal Citizen est un groupe international de féministes-activistes-citoyennes, qui agissent également dans le but de redonner aux citoyennes l’opportunité de se réapproprier leur cité, leur avenir et leurs droits. Le PFC opère indépendamment de la FWG et la IODI à la sécurisation de leurs concitoyennes. Tout comme Eye to Eye, le groupe utilise comme support la greffe oculaire des citoyennes. En piratant le réseau, elles permettent l’installation de l’application Alive. L’application met en relation par le biais d’un système de communication, une victime blessée et une citoyenne réserviste, apte à effectuer les gestes de premiers secours. Le cas échéant, la réserviste peut actionner une « docteure-hologramme ».
     Nous sommes en 2070 et la création artistique est chamboulée dans son ensemble. À la suite du passage à la VIe République Française, le 19 mai 2029, consécutivement à une révolution civile européenne sans précédent, un Conseil citoyen a été introduit au sein du pouvoir législatif. Rapidement, plusieurs réformes ont été votées, pilotées en grande majorité par le Conseil citoyen, acteur principal d’un durcissement significatif des lois françaises.
     Alors que le processus de mondialisation et les révolutions industrielles ont eu un impact important sur les savoir-faire et faire-savoir artistiques tout au long des siècles, la réforme des Arts votée en 2032 a touché en son cœur le monde artistique, en fragilisant sa légitimité, son indépendance créative, par un rejet et une exclusion sociétale, basée sur des critères grégaires et stéréotypés, déclenchant une discrimination envers les productions artistiques mondiales. Dans son article, en date du 10 décembre 2069, The Taser Brain Journal et son auteur Manolo Jacobs, nous rappelle qu’il est essentiel de sauvegarder notre mémoire collective française. Il nous rappelle également que la création de nouvelles innovations techniques et surtout cette volonté d’indépendance, ont de tout temps été le moteur des artistes et de leur production.
     Afin de contrer ce fléau et redynamiser la création mondiale, The Federal World Government décide, en cette année 2070, de créer le régime des artistes encadrées38, rattaché à la Digital Creative Economy (DCE), se dressant comme l’intermédiaire entre l’entreprise et l’artiste. À travers un communiqué officiel, la DCE vente les intérêts de cette nouvelle organisation, ayant pour unique but de garantir la sécurité et la visibilité des artistes et de leur production, grâce à un catalogue mondial et l’homogénéisation des contrats. Pourquoi sommes-nous arrivés au stade de protéger l’art des citoyens ? Pourquoi les seules entités intéressées par l’art sont les entreprises ? N’y a-t-il pas un risque de dépendance des artistes face aux entreprises ? Une homogénéisation des contrats n’est-elle pas vectrice d’une unification universelle de l’art ? Pourquoi les artistes acceptent-ils cette décision ?

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