Solenn Tenier
Description
Parallèlement au travail d'écriture Investigatio (2000-2018), un travail de trois ans (2015-2018) d’enregistrement a eu lieu – par le biais d'une caméra « go pro », cachée grâce à sa petite taille – véritable extension de la narration citoyenne et a donné lieu à une vidéo expérimentale intitulée La présomption d’innocence à la française, charriant les notions suivantes : communautarisme, présomption et imaginaire, altérité et apparence, mobilité, doute et ayant pour objectif d’exprimer visuellement un ressenti intérieur : Peut-on réellement juger des personnes à partir de ce que nous voyons, détectons, imaginons d’elles ? Avons-nous assez d’informations pour les juger ? La présomption d’innocence n’est-elle qu’une utopie ?
Le processus des mondialisations a été et reste catalyseur d’une division des peuples, à la fois géographique, culturelle et sociale, malgré une globalisation arrivée à son paroxysme. Ces conflits (in)humains face à l’altérité, face à l’Autre, ont laissé pléthores de traces indélébiles. Alors que la fabrique des frontières est plus que jamais visible à travers le monde, elle est également présente au sein des territoires, formant une extrême territorialité, qui exprime un fort sentiment d’appartenance ou d’exclusion, entraînant un mode de comportement particulier. À travers son ouvrage La condition cosmopolitique écrit en 2013, Marc Augier conseille pour l’analyser de « déplacer le lieu et le moment du regard depuis le centre et l’ordre vers les bords et le désordre, travailler les marges, là où le soi se confronte à l’autre » (1). C’est ce que j’ai entrepris pendant un an, à travers un travail d’investigation artistique, nommé La présomption d’innocence à la française.
(1) Alain Bertho, « Les frontières de la mondialisation et le piège identitaire » [En ligne]. métropolitiques.eu Métropolitiques, 26 avril 2013. Disponible sur : https://www.metropolitiques.eu/Les-frontieres-de-la.html (article consulté le 3 septembre 2018).